mercredi 3 juin 2009

Simplement

Je constate avec bonheur que nous sommes passés de cinq enjeux déterminants à deux questions essentielles. Je vais y répondre clairement, tout en m'interrogeant sur la pertinence des trois restant.

Quelle est ma définition de la subsidiarité, autrement dit quelles sont pour moi les matières sur lesquelles l'Union Européenne est compétente ? Il appartient aux électeurs de la définir en donnant par leur suffrage un mandat à la Commission et au Parlement.

Notre protection sociale est elle un handicap ? Mon cher ami Vincent nous dit que ce système est la ruine de la puissance européenne. J'ai envie de me demander ce que veut dire ce mot de puissance et quel est son objectif. Si l'Europe préparait une guerre, je m'accorderais avec Vincent pour dire que ce système de protection sociale est un handicap. Dans un contexte où il s'agit d'offrir à chacun les moyens d'exercer son libre arbitre afin d'être à même de vivre la vie qui lui convient, l'équilibre est plus subtil.

L'équilibre que cherchent les sociaux-démocrates européens, c'est celui qui permet au pays dans lequel il s'exerce de figurer parmi les gagnants de la mondialisation, sans laisser les plus faibles des citoyens être incapables de goûter à ces bénéfices. En un mot, un pays gagnant dans la mondialisation, avec une population sans perdants. C'est le système de protection sociale qui permet de resserrer les liens de la solidarité nationale qui ont tant tendance à s'effilocher dans la mondialisation, chacun espérant y gagner en sacrifiant les autres.

Certains pays ont en partie réussi ce challenge. Il s'agit des pays nordiques, qui ont montré, alors qu'ils n'avaient pas d'avantages comparatifs délirants, que l'ont pouvait conjuguer une économie en forte croissance avec un fiscalité élevée et un protection sociale audacieuse. Le Danemark a longtemps été et reste un modèle dans ce genre. Souvenez-vous, en 2005, un gouvernement de droite, celui de Dominique de Villepin, vantait la flexi-sécurité du modèle danois.

Ce modèle était l'oeuvre d'un homme qui a été Premier Ministre du Danemark entre 1993 et 2001. Rasmussen arrive alors que l'économie danoise traverse une crise profonde : le chômage est proche des 10%, la balance commerciale est déficitaire. Son action a commencé par une relance keynésienne appelée « kick start », suivi de la mise en place d'un système de protection sociale qui alliait efficacement solidarité et responsabilisation des allocataires. Au moment de quitter le pouvoir, le chômage était ramené à 4,9%, la balance commerciale largement excédentaire, la croissance supérieure à 3%, la dette réduite à moins de 30% du PIB.

Au vu de ce bilan, je vous l'avoue, j'aimerais être gouverné par Rasmussen. Nous ne pouvons pas l'avoir comme président. Mais il est le candidat du PSE pour présider la Commission européenne.

Le 7 juin, ce sera à vous de jouer.

1 commentaire:

  1. Pas mal, cet article : sobre, élégant et convaincant.
    Bon je vais modérer mon propos, faut pas non plus croire que je vais commencer à trop envoyer de fleurs : je ne suis pas super fan des deux premiers paragraphes, c'est un peu léger, tout de même, comme argumentaire...

    Et puis aussi, quand même : les pays nordiques ONT des avantages comparatifs délirants : les matières premières les aident pas mal, faut quand même pas non plus croire qu'il y a des free foods, en ce bas monde... (j'ai failli me laisser séduire un peu vite, là! ) Ceci dit je ne retire rien aux compétences du sieur Rasmussen, c'est tout à l'honneur du PSE de l'avoir comme candidat.

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