mardi 28 avril 2009

Le cas Barroso

C'est désormais un classique : pour pallier son absence de proposition politique, la gauche cherche désépérement un bouc émissaire. Sur le plan national, il s'agit bien évidemment de Nicolas Sarkozy et il semble que sur le plan Européen, le rôle ait échu à José Manuel Barroso, Président sortant de la Commission Européenne. L'argument principal du PS, relayé par Sof, est qu'il faut se débarrasser à tout prix de Barroso et donc voter pour le PSE. Essayons d'examiner la question d'un peu plus près...

Qui soutient M. Barroso ? C'est la première question qui fâche, puisque l'opposition qui nous est présentée entre Barroso pour le PPE et Rasmussen pour le PSE est une déformation de la réalité. Trois partis socialistes, au moins, soutiennent en effet le Président sortant : l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal. Ajoutons à cela que les Libéraux (groupe auquel appartient le Modem) soutiennent également l'ancien Premier Ministre Portugais, n'en déplaise à François Bayrou. Par ailleurs, le PSE n'a pas officiellement proposé que M. Rasmussen dirige la Commission en cas de victoire de la gauche aux futures élections, même si Martine Aubry lui a apporté son soutien au nom du PS Français. Enfin, ni l'UMP ni le Président de la République n'ont officiellement apporté leur soutien à M. Barroso, même s'ils saluent son action. Les choses sont donc plus complexes qu'on aimerait nous le faire croire, et je dois dire que je suis le premier à le déplorer, il faudrait que chaque grand groupe au Parlement Européen désigne clairement un candidat pour présider la Commission au début de la campagne électorale.

Que penser du bilan de José Manuel Barroso ? Difficile de répondre à cette question (comme cela l'était pour ses prédécesseurs d'ailleurs), car être Président de la Commision, ce n'est pas être Premier Ministre d'un gouvernement. La capacité d'initiative y est moindre et le travail est avant tout de longue haleine. Je ne me sens pas capable de juger avec précision de son bilan. Ce que je sais en tous cas, c'est que l'image que certains veulent lui donner est complètement caricaturale. Il n'est pas l'agent infâme de l'ultralibéralisme en Europe. D'une part, il préside un Commission composée de personnalités politiques d'origines diverses, dont certaines appartiennent à la gauche, en particulier celles qui traitent des questions économiques (le commissaire aux Entreprises, celui des Affaires économiques et monétaires, celui à la Fiscalité et celui au Commerce). S'il faut sanctionner la Commission sortante en raison de son impéritie économique, le PSE doit donc figurer au premier rang sur le banc des accusés ! D'autre part, cette Commission n'a été ni moins, ni plus libérale que les précédentes et notamment celle présidée par Romano Prodi qui était majoritairement à gauche et qui a mis en place la libéralisation du marché de l'électricité et des services. La critique de l'ultralibéralisme supposé de Barroso est donc avant tout une manoeuvre électoraliste et opportuniste de la part du PSE.

M. Barroso est-il trop effacé ? C'est une critique qui lui est faite par ceux-là même qui critiquent l'omniprésence de Nicolas Sarkozy sur le plan intérieur, comprenne qui pourra. Il faut reconnaître que M. Barroso n'a pas cherché à voler la vedette aux différentes Présidences tournantes du Conseil Européen, en particulier lors de la Présidence Française. Mais je ne pense pas qu'il faille trop le déplorer. En effet, le Président de la Commission n'a pas vocation à diriger l'exécutif européen ni à prendre trop d'initiatives politiques. Il doit avant tout faire respecter les traités et conduire les politiques qui sont de la compétence de l'Union. Le vrai leadership doit être exercé par le Président du Conseil (qui sera stable si le traité de Lisbonne est adopté), comme a su le montrer Nicolas Sarkozy au deuxième semestre 2008.

Je reconnais qu'il y a ici un débat sur lequel j'aimerais bien connaître la position des socialistes européens : doit-on aller vers une Europe Fédérale avec un leadership exercé principalement par le Président de la Commission, ou vers une Europe Confédérale, avec un leadership du Président du Conseil ? Pour l'UMP (et pour moi), c'est clairement la deuxième voie qui doit être empruntée, et je m'en expliquerai plus longuement dans un prochain article. Libre à Sof de défendre l'autre voie, mais dans ce cas qu'il l'indique clairement et en tire toutes les conséquences.

Pour conclure, je dirais que Barroso n'est pas plus l'horrible ultralibéral-atlantiste décrit par une partie du PSE que Nicolas Sarkozy n'est le réactionnaire autoritaire décrié par le PS. Il est, de surcroît, un ami de la France qui avait eu le courage de dire devant l'Assemblée Nationale en 2006, en réaction à la vague d'autoflagellation qui régnait à l'époque, cette phrase : "Le pays de Molière serait-il atteint du syndrome du malade imaginaire ?". Ce jour-là, il a gagné mon estime.

dimanche 26 avril 2009

Le bilan de la présidence de l'UE : raison de plus de voter PSE

Quelle que soit votre appréciation du bilan de Nicolas Sarkozy durant la présidence de l'Union Européenne, celle ci doit vous amener à voter pour le PSE le 7 juin prochain.

Premier cas : vous faites partie de ceux, qui comme moi pensent que Nicolas Sarkozy n'a qu'un bilan en trompe l'oeil. Il a affiché des résultats et des avancées en remettant à plus tard les points de débat et/ou en falsifiant la vérité. De manière générale, vous réprouvez sa façon de gouverner. Vous le lui faites pas confiance et donc vous n'allez pas suivre ses conseils de vote. Vous votez naturellement PSE.

Second cas : vous êtes de ceux qui, comme Vincent, estiment que Nicolas Sarkozy a accompli de grandes choses en tant que président de l'Union Européenne. C'est donc qu'il a pris le leadership en Europe pour renforcer la coopération et faire des avancées. Mais s'il a eu ce rôle, c'est donc que ceux qui doivent normalement exercer le leadership ne l'ont pas fait. Donc vous admettez que Barroso, président de la Commission Européenne, investi par les traités d'un pouvoir d'initiative dans l'intérêt de l'Union, ne fait rien. Or, si vous votez à droite, vous allez contribuer au maintien de Barroso, homme sans mandat clair, sans ambition et sans projet. En effet, je le rappelle, l'UMP n'a ni candidats, ni programme pour des élections qui sont dans à peine plus d'un mois. Comment nous faire croire que la droite à de grands desseins pour l'Europe ? Voter à droite, c'est perpétuer cette Europe en panne, qui n'avance pas et où il appartient aux chefs d'Etat de prendre le leadership. On voit le résultat depuis que l'eurosceptique République Tchèque a pris le relais. Vous devez donc aussi voter PSE pour que la Commission et le Parlement changent de majorité, fassent leur travail et prennent l'initiative sur les sujets de niveau européen. Depuis janvier, il y a en France près de 80 000 demandeurs d'emplois en plus chaque mois. Il y a donc bien assez de travail en France pour Nicolas Sarkozy, et, s'il est si bon, qu'il nous fasse nous aussi, Français, profiter de ses bienfaits. Chacun sa place et chacun son travail !

La question du bilan de la présidence française de l'Union doit donc avoir comme réponse un vote socialiste aux élections européennes de juin prochain. Vos candidats socialistes sont déjà en accord avec leurs homologues européens et n'attendent que d'être investis pour réaliser le programme européen que tout le monde attend : lutte contre la crise et relance à l'échelle européenne, consolidation à l'échelle européenne de notre modèle de société, affirmation de l'unité européenne à l'échelle internationale.

J'aimerais, à présent, militer pour un des aspects du Manifesto : l'accompagnement des migrations à l'échelle mondiale. L'excellent Brice Hortefeux a eu l'initiative de faire voter la directive dite « Retour ». Elle prévoit que les étrangers en situation irrégulière pourront être retenus contre leur gré jusqu'à dix-huit mois. Elle prévoit en outre que les migrants devront déposer leur demande de papiers dans le premier pays où ils touchent le sol. Cela veut dire, concrètement, dans un pays du Sud ou de l'Est de l'Europe. Cette mesure en apparence pleine de bon sens permet donc aux pays du Nord Ouest d'adopter des législations très libérales sur l'accueil des étrangers en laissant aux pays les plus pauvres tout le « sale boulot » et tout le coût de gestion de ces personnes.

Si vous avez des notions de solidarité entre les hommes et entre les Etats de l'Union, votez PSE. L'effort d'accueil des étrangers et de contrôle à nos frontières doit être partagé entre les pays, sans oublier que les migrants cherchent généralement à atteindre un pays du Nord Ouest de l'Europe. Il y a également, je pense, la place pour une politique qui accompagne ces migrations et qui reste digne, sans priver de liberté quelqu'un pendant un an et demi uniquement parce qu'il est sans papiers. Le Manifesto est très riche sur ce sujet : il propose de mutualiser le coût de gestion des immigrés, de créer une charte européenne pour l'intégration des immigrés, de travailler en collaboration avec les pays de départ pour compenser leur perte de main d'oeuvre qualifiée, de travailler aux besoins de la communauté Rom, qui est étrangère partout en Europe... Lisez le Manifesto, soutenez-le, VOTEZ PSE.

samedi 25 avril 2009

Le maître-mot : subsidiarité

Avant de faire progresser le débat sur le fond des sujets, il me faut répondre à Sof qui n’a pas tout à fait saisi le sens de ma critique sur le Manifesto. Je reconnais que produire un document commun entre les 27 partis socialistes européens est un effort louable, dont le PPE va probablement s’inspirer la semaine prochaine à Varsovie. Mais on ne peut pas en rester au « c’est toujours mieux que rien » avec un texte qui refuse de faire des choix clairs.

Pour illustrer mon propos, je reprendrais l'extrait suivant « La Banque Centrale Européenne doit soutenir la croissance et l’emploi tout en préservant la stabilité des prix ». En effet, d’une part les députés européens n’ont pas de compétence propre vis-à-vis de la Banque Centrale (rendue indépendante par les précédents traités) et d’autre part on lui demande ainsi de poursuivre deux objectifs qui sont – à court terme tout du moins – contradictoires alors qu’elle ne dispose pratiquement que d’un seul instrument : sa politique de taux. On a donc le parfait exemple d’une déclaration d’intention qui est contradictoire. La question que je me pose est la suivante : mieux vaut-il écrire cela ou ne rien écrire du tout ?

Ma critique sur le fond est donc la suivante : face à un Manifesto qui reste dans le flou et qui ne fait donc pas réellement de la politique, l’UMP s’appuie sur une expérience dont tout le monde a été témoin et qui a réellement remis la politique au centre du jeu européen : la Présidence Française de l’Union. On ne peut donc pas dire comme le fait Sof que d’un côté il n’y a pas grand-chose (le PSE) et que de l’autre côté il n’y aurait rien (le PPE) et qu’il faudrait donc se résigner au pas grand-chose. Je lui oppose donc, en quelques sorte, cette autre citation de Talleyrand : « Les hommes sont comme les statues : il faut les voir en place ». La principale différence entre l’UMP et le PS sur le plan européen, c’est que l’on a vu l’UMP, à travers le Président de la République, « en place » pendant six mois. De plus, il serait injuste de laisser penser que l’UMP est totalement muette pendant cette campagne, les interventions dans la presse de Michel Barnier ou de Bruno Le Maire (pas candidat mais ministre délégué aux Affaires Européennes) sont fréquentes et vont au fond des sujets.

Cette clarification étant faite, allons plus loin dans le débat en rebondissant sur le principe de subsidiarité, mis en avant par Sof. Ce principe doit effectivement être au cœur de la construction européenne. La position de l’UMP et du PPE est claire à ce sujet : par défaut, l’échelon pertinent est celui de la Nation, chaque transfert de compétence au niveau européen doit donc être motivé par une valeur ajoutée ou un effet d’échelle (il en va de même d’ailleurs pour les transferts de compétences vers les collectivités locales). Les sujets sur lesquels l’Europe doit donc « faire de la politique » sont ceux où une taille critique est nécessaire : monnaie, défense, diplomatie, environnement, politique commerciale, marché commun, régulation économique, politique industrielle et de recherche. Si l’on reprend les six têtes de chapitre du Manifesto, on se rend compte que les choses ne sont pas si claires pour le PSE.

Il y a tout d’abord quatre chapitres totalement en ligne avec ce principe de subsidiarité : « Relancer l’économie et éviter le retour des crises financières », « Mettre l’Europe en tête dans la lutte contre le changement climatique », « Donner à l’Europe une politique d’immigration pour le progrès » et « Faire de l’Europe un partenaire fort pour la paix ». Cela ne vous rappelle rien ? C’est très précisément le bilan principal de la Présidence Française, qui a proposé des plans de relance ainsi que l’organisation du G20, qui a fait passer le paquet Energie-Climat, qui a obtenu un consensus sur la politique d’immigration en Europe et qui a œuvré, au Caucase, pour éviter la guerre. Le Manifesto traduit donc, en mots, ce que Nicolas Sarkozy a fait en actes !

Un autre chapitre est « Parvenir à l’égalité des sexes en Europe ». Ce sujet me semble précisément ne pas relever du principe de subsidiarité. En quoi l’échelon européen est-il en l’espèce plus pertinent que l’échelon national ?

Le chapitre le plus intéressant, et qui nourrira certainement le débat entre Sof et moi durant cette campagne concerne l’Europe sociale. Sur ce sujet, ainsi que sur certains points de politique économique, il existe des clivages entre le PPE et le PSE. Au fond, il y a un doute pour savoir de quel échelon dépendent principalement ces politiques. Si l’on reprend la proposition mise en avant par Sof de salaire minimum européen, on voit bien que le mettre trop bas serait dangereux pour les pays les plus développés (moins-disant social par rapport a la situation actuelle) et que le mettre trop haut fragiliserait considérablement le développement des pays de l’Europe de l’Est. Il s’agit donc selon moi de l’exemple même de la fausse bonne idée : on n’a pas eu besoin de salaire minimum commun pour que l’Espagne et le Portugal rattrapent notre niveau de vie. Quoi qu’il en soit, l’Europe sociale doit être un vrai sujet de débat au cours de cette campagne, cela changera des habituels débats institutionnels qui ont endormi l'opinion publique européenne ces dernières années.

vendredi 24 avril 2009

Le manifesto : signe le ou propose mieux !

Miné par l'absence de candidats, de programme et peut être de bulletins de vote, Vincent a décidé de déchaîner sa mauvaise foi dans le dénigrement de ce qui existe imparfaitement. Argument classique des extrémistes au pied du mur : « C'est imparfait, donc c'est nul et cela ne vaut rien ». Je réponds « Certes, mais ça a le mérite d'exister », et j'attends impatiemment les excuses de Ségolène Royal pour ce post de pilonnage.

Car de quoi parle-t-on ? Du manifesto mis au point par TOUS les partis socialistes d'Europe pour présenter aux citoyens européens le projet de société progressiste dont j'ai présenté les grandes lignes lors de mon dernier post. Je le rappelle, il s'agit de redonner aux institutions que sont la Commission et le Parlement l'initiative qui doit être la leur pour lutter efficacement contre la crise, faire de l'Europe le lieu de l'affermissement du modèle social européen et entrer dans une phase d'affirmation de l'Europe sur la scène internationale.

On l'accuse de n'être qu'un amalgame douteux de bien-pensance ? 71 propositions parmi lesquelles : un cadre juridique pour les services publics en Europe, un salaire minimum pour les Européens, le développement d'un système de transport de données électroniques à l'échelle européennes, la hausse de 50% des budgets de recherche et développement publics en Europe, la création d'un statut de PME européenne, la reconnaissance de tous les contrats civils dans l'ensemble de l'Union, la mise en place d'un cadre de négociations collectives à l'échelle européenne, …

Si la droite était d'accord avec toutes ces réformes, que ne les a-t-elles mises en oeuvre depuis qu'elle est aux affaires ? Et si Vincent est prêt à le signer, qu'il le signe ou qu'il trouve mieux. Pour l'instant, je comprends que le ralliement de Vincent est proche.

On l'accuse d'être vague à certains endroits ? N'oublions pas le sens de la législation européenne. Il s'agit d'intervenir dans les domaines où le niveau européen apporte des économies d'échelle. Il doit s'agir soit de fixer un objectif que les Etats doivent atteindre, soit de fixer des règles pour qu'il n'y ait pas de passager clandestin. Dans ce cadre, un programme européen ne peut pas s'appesantir sur la réfection des égouts en sous sol, et ne doit pas nécessairement donner des moyens opérationnels mais des objectifs. Je suis convaincu que nos concitoyens n'adhèreront à l'Europe que s'il comprennent le sens du principe de subsidiarité : l'Europe ne traite que des questions d'échelle européenne et laisse les Etats trouver des moyens opérationnels à l'échelle nationale. C'est pour cela qu'il est vain d'opposer les Etats à l'Europe : ce sont des structures qui n'ont pas le même rôle et qui ont vocation à dialoguer pour améliorer la vie de nos concitoyens.

C'est là, je pense, une des principales qualités du manifesto : ne traiter que de sujets européens, au niveau de décision de l'Union, en respectant les traditions nationales et la capacité de jugement des Etats.

Pour conclure, j'aimerais citer une phrase de Talleyrand, que Vincent et moi admirons. Le diable boiteux dit un jour : « Quand je me contemple, je me désole, quand je me compare, je me console ». Après avoir observé le vide insondable de pensée, à droite, sur l'Europe, l'impréparation de l'UMP, qui n'a pas de listes, et l'impressionnante prestation de Rachida Dati, hier, je vous le dis, chers lecteurs pongistes, du fond du coeur : je suis heureux.

jeudi 23 avril 2009

Un Manifesto à faire lire aux enfants

Après avoir fourni la principale raison "positive" de voter pour l'UMP (d'autres viendront prochainement), j'ai souhaité me pencher sur le Manifesto du Parti Socialiste Européen. Sof a raison d'insister sur ce point car les élections européennes doivent être l'occasion de trouver des convergences qui transcendent les partis nationaux. Cependant, ce type d'exercice est particulièrement difficile, tant les situations économiques sociales et politiques des 27 pays européens divergent.

Le PSE a réussi à trouver la parade avec ce Manifesto qui aurait pu tout aussi bien s'appeler "Oui-Oui l'Européen". Ce consensus mou est en fait une suite de déclarations d'intentions avec lesquelles il est difficile de ne pas être d'accord et qui en reste au niveau du flou artistique. Ce texte aurait d'ailleurs pu être signé par la droite bien-pensante, ce qui n'est pas vraiment une surprise : étant donné qu'il y a plus de différences entre le PS et les travaillistes britanniques qu'entre le SPD et l'UMP, l'exercice du programme commun s'apparente à la quadrature du cercle. Ou bien on énonce des convictions fortes et dans ce cas tous les partis de gauche ne peuvent pas le signer, ou bien on en reste au niveau des généralités et dans ce cas tous les partis (même de droite) peuvent le signer.

On trouve ainsi une liste quasi-exhaustive des bons sentiments "Il ne s’agit pas de travailler plus mais de travailler mieux", "relancer l’économie et éviter le retour des crises financières", "nous proposons de mettre fin aux paradis fiscaux, à l’évasion et à la fraude fiscales", "nous devons traiter le problème de la fuite des cerveaux" ainsi que le merveilleux "la Banque Centrale Européenne doit soutenir la croissance et l’emploi tout en préservant la stabilité des prix". En matière de relations internationales, le PSE propose de renforcer les liens de l'Europe avec (je cite) les Balkans, la Turquie, la Méditerranée, l'Amérique du Sud, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Afrique. Cela commence à faire beaucoup de monde !

Cet amalgame, ce gloubi-goulba idéologique, c'est précisément tout l'inverse de la politique. En effet, faire de la politique c'est faire des choix, ce n'est pas demander sans arrêt le beurre et l'argent du beurre, ce n'est pas faire de chaque sujet et de chaque région du monde une priorité car cela signifie qu'il n'y a en fait aucune priorité. C'est précisément de cette Europe consensuelle et bien-pensante, qui refuse d'arbitrer ou de trancher que les citoyens se détournent depuis plusieurs années. Tout l'inverse de l'Europe déterminée et audacieuse défendue par Nicolas Sarkozy lors de la Présidence Française de l'Union.

Pour essayer de faire croire que ce Manifesto n'est pas aussi consensuel qu'il n'en a l'air, les socialistes européens ont décidé de décrire une droite complètement fantasmée. Ainsi le Oui-Oui-PSE s'invente un Gargamel-PPE ! Pour que le propos ressorte bien, tous les passages consacrés à la droite figurent en rouge dans le Manifesto, en voici quelques extraits : "Une Europe de droite où l’avenir de nos concitoyens serait remis entre les mains du marché", "La droite parle du changement climatique mais pour nous il faut plus que des mots", "Certains à droite ne croient pas au changement climatique", ou encore "La droite ne fait que parler des principes de démocratie, de droits des citoyens, de sécurité et de développement".

Cette droite européenne n'existe pas, en tous cas elle n'existe plus. La droite européenne (si on retire les eurosceptiques qui ne siègent pas au PPE) c'est l'héritière de la démocratie-chrétienne qui ressemble comme une soeur à la sociale-démocratie. Quant au procès en ultra-libéralisme, il atteint des sommets de mauvaise foi. Qui d'autre que le PSE était aux commandes en Europe pour décider de la plupart des libéralisations (services, électricité...) ? La gauche européenne a appliqué le programme libéral avec autant, sinon plus, de célérité et de conviction que la droite européenne.

Bref, il ne faut pas prendre le Manifesto pour plus qu'il n'est : un document ultra-consensuel dès qu'il est question de faire des propositions et ultra-caricatural dès qu'il s'agit de parler de l'adversaire. Nous dirons que c'est de bonne guerre. Il faudra revenir, de façon plus sérieuse, sur les six têtes de chapitre de ce Manifesto, mais je pense avoir déjà été trop long aujourd'hui !

mercredi 22 avril 2009

Pourquoi je voterai socialiste

Les élections que nous allons vivre au début du mois de juin prochain sont l'occasion de renouveler nos députés européens. Elles sont donc l'occasion de proposer aux Européens un projet politique pour les institutions fédérales de l'Union Européenne, la Commission et le Parlement. Force est de constater aujourd'hui, le bilan plutôt médiocre de la droite à la Commission et du Parti Populaire Européen majoritaire au Parlement. Avant la crise de l'été 2007, ils ont été les agents d'un fanatisme libéral qui a vu dans la mise en concurrence l'alpha et l'omega de l'organisation d'un secteur économique, et depuis la crise, la Commission a abdiqué tout pouvoir d'initiative pour tenter de trouver des solutions à l'échelle européenne. Cette absence a été tellement remarquable qu'il est revenu aux Etats de prendre les initiatives nécessaires à la mise en place de mesures coordonnées au niveau européen. Il faut donc se débarrasser au plus vite de la Commission Barroso et mettre à sa tête une personne capable de redonner aux institutions européennes l'initiative qui doit être la leur.

En réponse, le Parti Socialiste Européen se distingue par la mise en place d'un programme que tous les partis socialistes nationaux se sont engagés à soutenir. Avant de venir au fond du programme, voter socialiste, c'est avoir l'assurance qu'un programme orienté vers des intérêts de dimension européenne sera mis en oeuvre. C'est l'assurance d'un vote homogène du groupe majoritaire sur de sujets proprement européens et non pas une somme de lobbys nationaux qu'il conviendrait d'appeler groupe. Voter socialiste est une condition sine qua non pour voir les institutions fédérales fonctionner à leur place et exister à côté des Etats, comme le prévoit le traiter de Lisbonne.


Sur le fond, le programme présenté par tous les socialistes européens sous la forme du « Manifesto » présente pour la première fois le projet de société progressiste à mettre en oeuvre à l'échelle européenne et que beaucoup de nos concitoyens appellent de leurs voeux. En quelques mots, il propose pour commencer de lutter contre la crise économique en utilisant les voies européennes pour coordonner les plans de relance en investissant l'argent dans des projets d'envergure européenne, comme les réseaux de transport. Il prévoit ensuite de faire de l'Europe le lieu de la consolidation d'un modèle social européen fondé sur le dialogue et la solidarité plutôt celui de sa remise en cause permanente. Il prévoit enfin la mise en oeuvre d'une politique d'accompagnement de l'immigration digne et projette l'Europe sur la scène internationale comme un partenaire de paix et de sécurité.

Qu'ajouter ? L'action de Nicolas Sarkozy pendant sa présidence européenne n'est en somme que l'expression de l'impéritie de la droite en Europe. Le leadership qu'il a tenté, avec quelques succès, d'exercer aurait du l'être par le Président de la Commission, qui est garant de l'intérêt de l'Union et du pouvoir d'initiative législative. Voter à droite, c'est assurer la reconduction de cette équipe usée et en manque d'imagination pour l'Europe. Nicolas Sarkozy, quand bien même son bilan serait bon, n'a pas vocation à représider l'Union Européenne d'ici la fin de son mandat. Ne nous trompons pas d'enjeu !

mardi 21 avril 2009

Pourquoi l'UMP ?

Mettons tout de suite les choses au point : mon rôle dans ce blog n'est pas d'être le porte-parole de l'UMP. Vous ne trouverez sous ma plume ni panégyrique de l'action du gouvernement, ni mauvaise foi débridée pour stigmatiser le PS.

De quoi s'agit-il exactement ? Le 7 juin prochain, je voterai pour une liste UMP aux élections Européennes. Au fil de ce blog, je vais essayer de vous persuader de la pertinence de ce choix. Le but de ce premier article est d'esquisser la raison principale qui justifie cet engagement.

A chaque élection, on se demande sur quels éléments on doit juger les différents candidats ou les différents listes. S'agit-il du programme, de l'inspiration politique, du charisme... ? Cette interrogation est d'autant plus vive lors des élections Européennes dont les enjeux immédiats sont difficilement perceptibles pour beaucoup de citoyens. Sur quel programme peut bien faire campagne un député européen ? En quoi le fait de voter pour un député de droite ou de gauche changera-t-il quelque chose ? Les réponses à ces questions sont d'ordinaire très difficiles à formuler, même pour les initiés. Les choses sont à la fois différentes et plus simples pour cette élection particulière.

En effet, pour une fois, les électeurs ont eu droit à un aperçu grandeur nature de la politique qui pourrait être conduite par l'UMP au niveau européen avant même que l'élection n'ait eu lieu. Cet aperçu, il s'agit bien évidemment de la Présidence Française de l'Union Européenne. Loin des programmes théoriques et soporifiques qui sont habituellement la règle dans ce genre d'élection, l'UMP propose donc une orientation clairement marquée et qui a fait ses preuves six mois durant.

Quelle est cette orientation ? C'est la conviction que l'Europe et les Nations ne sont pas ennemis l'un de l'autre et que ce qui compte avant tout pour faire avancer la machine européenne c'est un leadership fort qui propose et qui impulse. Ce leadership a été exercé avec succès par Nicolas Sarkozy au cours du second semestre 2008, il doit servir de modèle au rôle du futur Président "stable" de l'Union Européenne si d'aventure le Traité de Lisbonne était ratifié par les 27 (il ne manque plus que la République Tchèque et l'Irlande).

Il est en effet temps que le débat institutionnel s'arrête en Europe pour que la politique reprenne le devant de la scène. Le nouveau Traité fournira les outils, restera à les utiliser à bon escient pour agir concrètement dans des domaines aussi divers que l'environnement, les affaires étrangères, la politique économique ou la politique sociale. Pour faire avancer ces dossiers, il faut un exécutif qui ait une forte capacité d'initiative et d'entraînement, ce qui a été incontestablement le cas de la Présidence Française de l'Union.

Voter pour l'UMP aux élections Européennes, c'est accompagner cet élan de l'année dernière, c'est affirmer que l'on veut faire plus de politique en Europe, c'est afficher une ambition pour l'Europe. Bien entendu, voter pour l'UMP c'est également apporter sa voix à une formation de droite qui siégera aux côtés des autres formations de droite européennes, j'aurai l'occasion de défendre cette orientation dans d'autres articles, mais il me semble que l'essentiel, pour cette élection particulière, n'est pas là. L'essentiel, c'est la volonté et la capacité de faire de la Politique au niveau européen, c'est la raison principale pour laquelle je voterai UMP.

lundi 20 avril 2009

Bienvenue sur Politique Ping-Pong

La campagne électorale des Européennes s'ouvre, elle doit être l'occasion du débat, pas de la juxtaposition des certitudes. Ce blog sera donc un exercice à deux voix, l'une plutôt proche du PS et l'autre plutôt proche de l'UMP, chacune essayant de rebondir sur l'actualité et sur les propositions des différents partis pour s'affronter à la loyale !

A vous de donnez votre avis par vos commentaires ou par votre vote à notre sondage.

C'est ici que cela se passe, et c'est maintenant !