jeudi 23 avril 2009

Un Manifesto à faire lire aux enfants

Après avoir fourni la principale raison "positive" de voter pour l'UMP (d'autres viendront prochainement), j'ai souhaité me pencher sur le Manifesto du Parti Socialiste Européen. Sof a raison d'insister sur ce point car les élections européennes doivent être l'occasion de trouver des convergences qui transcendent les partis nationaux. Cependant, ce type d'exercice est particulièrement difficile, tant les situations économiques sociales et politiques des 27 pays européens divergent.

Le PSE a réussi à trouver la parade avec ce Manifesto qui aurait pu tout aussi bien s'appeler "Oui-Oui l'Européen". Ce consensus mou est en fait une suite de déclarations d'intentions avec lesquelles il est difficile de ne pas être d'accord et qui en reste au niveau du flou artistique. Ce texte aurait d'ailleurs pu être signé par la droite bien-pensante, ce qui n'est pas vraiment une surprise : étant donné qu'il y a plus de différences entre le PS et les travaillistes britanniques qu'entre le SPD et l'UMP, l'exercice du programme commun s'apparente à la quadrature du cercle. Ou bien on énonce des convictions fortes et dans ce cas tous les partis de gauche ne peuvent pas le signer, ou bien on en reste au niveau des généralités et dans ce cas tous les partis (même de droite) peuvent le signer.

On trouve ainsi une liste quasi-exhaustive des bons sentiments "Il ne s’agit pas de travailler plus mais de travailler mieux", "relancer l’économie et éviter le retour des crises financières", "nous proposons de mettre fin aux paradis fiscaux, à l’évasion et à la fraude fiscales", "nous devons traiter le problème de la fuite des cerveaux" ainsi que le merveilleux "la Banque Centrale Européenne doit soutenir la croissance et l’emploi tout en préservant la stabilité des prix". En matière de relations internationales, le PSE propose de renforcer les liens de l'Europe avec (je cite) les Balkans, la Turquie, la Méditerranée, l'Amérique du Sud, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Afrique. Cela commence à faire beaucoup de monde !

Cet amalgame, ce gloubi-goulba idéologique, c'est précisément tout l'inverse de la politique. En effet, faire de la politique c'est faire des choix, ce n'est pas demander sans arrêt le beurre et l'argent du beurre, ce n'est pas faire de chaque sujet et de chaque région du monde une priorité car cela signifie qu'il n'y a en fait aucune priorité. C'est précisément de cette Europe consensuelle et bien-pensante, qui refuse d'arbitrer ou de trancher que les citoyens se détournent depuis plusieurs années. Tout l'inverse de l'Europe déterminée et audacieuse défendue par Nicolas Sarkozy lors de la Présidence Française de l'Union.

Pour essayer de faire croire que ce Manifesto n'est pas aussi consensuel qu'il n'en a l'air, les socialistes européens ont décidé de décrire une droite complètement fantasmée. Ainsi le Oui-Oui-PSE s'invente un Gargamel-PPE ! Pour que le propos ressorte bien, tous les passages consacrés à la droite figurent en rouge dans le Manifesto, en voici quelques extraits : "Une Europe de droite où l’avenir de nos concitoyens serait remis entre les mains du marché", "La droite parle du changement climatique mais pour nous il faut plus que des mots", "Certains à droite ne croient pas au changement climatique", ou encore "La droite ne fait que parler des principes de démocratie, de droits des citoyens, de sécurité et de développement".

Cette droite européenne n'existe pas, en tous cas elle n'existe plus. La droite européenne (si on retire les eurosceptiques qui ne siègent pas au PPE) c'est l'héritière de la démocratie-chrétienne qui ressemble comme une soeur à la sociale-démocratie. Quant au procès en ultra-libéralisme, il atteint des sommets de mauvaise foi. Qui d'autre que le PSE était aux commandes en Europe pour décider de la plupart des libéralisations (services, électricité...) ? La gauche européenne a appliqué le programme libéral avec autant, sinon plus, de célérité et de conviction que la droite européenne.

Bref, il ne faut pas prendre le Manifesto pour plus qu'il n'est : un document ultra-consensuel dès qu'il est question de faire des propositions et ultra-caricatural dès qu'il s'agit de parler de l'adversaire. Nous dirons que c'est de bonne guerre. Il faudra revenir, de façon plus sérieuse, sur les six têtes de chapitre de ce Manifesto, mais je pense avoir déjà été trop long aujourd'hui !

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