mardi 26 mai 2009

Relance à l'Européenne

Tel Satan dans Faust de Gounod, il me semble que je conduise le bal dans ce débat sur ces élections européennes. J'ai essayé de formaliser ma pensée le plus clairement possible lors de mon dernier article, j'attendais donc une réaction argumentée à chacun de mes points, afin de faire ressortir nos différences, mais Sof préfère parler de "Tigres de Papier". Pourtant, chacun reconnaîtra que les cinq questions posées (respect du principe de subsidiarité, leadership politique exercé par le président du Conseil, frontières nécessaires de l'Union, capacité à problématiser les enjeux européens et limites de l'Europe sociale) ne sont pas minces et pourraient exiger un débat plus complet. Comme il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de la campagne, j'aimerais adresser deux questions assez directes à mon contradicteur :

1- Quelle définition concrète donne-t-il au principe de subsidiarité ? Reconnaît-il avec moi que certains sujets qu'il a évoqué dans ce blog (harmonisation contraignante des salaires minimaux, égalité homme/femme ou lutte contre le téléchargement illégal...) ne relèvent pas des compétences de l'Union car les Etats peuvent très bien s'en charger eux-mêmes ?

2- Partage-t-il l'enthousiasme général pour un modèle social européen protecteur et que l'on souhaiterait encore plus protecteur et ne craint-il pas, comme moi, que ceci ait un coût élevé en termes de compétitivité économique et signe donc la fin de toute ambition européenne en tant que puissance ?


Mais, insaisissable, je continue à porter l'estocade en ajoutant un nouveau sujet de débat après la lecture du dernier article de Sof, qui concerne cette fois la politique économique et plus particulièrement la relance budgétaire face à la crise. Je vais y consacrer tout le reste de cet article car ce sujet est très important et signe une vraie rupture politique (elles ne sont pas si nombreuses) entre le PS et l'UMP.

Les socialistes nous disent : "l'Europe n'a pas fait assez face à la crise, notamment en terme de relance budgétaire. Il aurait fallu se coordonner et mettre plus d'argent sur la table, comme ont pu le faire les Américains. La preuve, les USA sortiront de la crise, de l'avis général, avant l'Europe". Mais cela ne tient pas tant à une efficacité supérieure de leur plan de relance qu'à deux raisons tout à fait objectives : l'une accidentelle, l'autre structurelle.
La cause accidentelle est toute bête : les USA sortiront de la crise avant nous parce qu'ils y sont rentrés avant nous (un an environ). En admettant que l'Europe accuse un retard de 6 mois pour la reprise, cela signifiera que la crise y aura duré six mois de moins qu'aux Etats-Unis. La deuxième raison, structurelle, c'est que le système économique américain est beaucoup plus fluide qu'en Europe : les chutes sont rapides et les reprises également. Si le PS vante à ce point la réactivité américaine, il devrait en tirer comme conséquence de réduire la protection sociale en Europe au niveau des US, ce qui ne me semble pas à l'ordre du jour. Ici comme ailleurs, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre : notre système social amortit mieux les crises, mais il amortit également les reprises !

Ensuite on nous dit, les Etats-Unis ont mis 5% du PIB sur la table et l'Europe à peine 1% et la France 0,4% (reprenant des chiffres de l'OCDE). La comparaison de ces chiffres n'a strictement aucun sens. Tout d'abord, si la France dépense si peu et si le plan de relance n'est que de la communication, comment peut-on expliquer l'augmentation considérable de la dette de notre pays en 2008, 2009 et vraisemblablement 2010 ? Sarkozy est vraiment très fort, il arrive à ce point à faire de la mystification autour de son plan de relance que les fonctionnaires de l'INSEE et de la Commission Européenne en soient tout étourdis ! La réalité c'est que les dépenses colossales d'investissement et surtout de protection sociale (les amortisseurs sociaux dont on parle tant et qui n'existent presque pas aux US) sont bien réels et que l'Europe a donc mis sur la table ce qu'elle estimait nécessaire. Vouloir augmenter le plan de relance dans le seul but de dire "j'ai fait autant que les USA" relève autant de la puérilité que de l'irresponsabilité.

Entrons davantage dans le fond du problème : quel doit être l'objectif principal d'un plan de relance ? Il doit être de sauver des emplois. Un bon plan de relance c'est donc un plan qui sauve le plus d'emplois possibles et qui coût le MOINS cher possible. Si l'objectif est seulement d'avoir une bonne croissance pour 2009, j'ai une bonne idée de plan de relance. Empruntons 100 milliards d'euros et embauchons pour 100 milliards de fonctionnaires à ne rien faire (on peut tout donner à un fonctionnaire à la limite, en le payant très très cher). Dans le calcul du PIB 2009, on aura 100 milliards en plus car la valeur ajoutée de la fonction publique est estimée au coût des facteurs, ce qui veut dire plein de croissance en plus : youpi ! Sauf que dans le même temps on aura fait 100 milliards de dette et qu'il faudra les rembourser un jour ou l'autre en y ajoutant les intérêts.
Deux mesures sont pertinentes pour un plan de relance en réalité : la première concerne la croissance et la seconde l'emploi.

La première mesure intéressante, c'est la productivité de la dépense publique, c'est-à-dire, pour un euro "relancé" combien d'euros de PIB j'ai en plus. Pour les optimistes (dont l'administration Obama), c'est plus que 1, c'est-à-dire que la dépense publique à un effet d'entraînement. Le meilleur exemple, c'est si l'Etat apporte 25% des fonds pour faire un investissement qui ne se ferait pas sans aide publique. Dans ce cas, 1 euro public génère 4 euros dans l'économie, donc la productivité est de 4. Si, en revanche, on donne de l'argent pour des projets qui ne servent à rien, alors la productivité est proche de 0. Les pessimistes, c'est-à-dire beaucoup d'économistes américains estiment que la productivité a plus de chance d'être proche ou en-dessous de 1. Et plus on veut faire un plan massif et rapide, plus on est amené à faire un peu n'importe quoi et donc à descendre en-dessous de 1. Les investissements vraiment utiles et productifs réclament du temps et de la préparation, cela ne s'improvise pas.

La deuxième mesure intéressante, c'est le nombre d'emploi sauvés divisé par le coût du plan de relance. Ce chiffre est assez difficile à obtenir, mais il semble qu'une manière intéressante de l'optimiser soit de donner des aides aux entreprises pour qu'elles ne se séparent pas de leurs employés, en les gardant en activité partielle. Ensuite vient la relance par l'investissement qui fait démarrer des chantiers et donc permet de sauver des emplois. Enfin vient la relance par la consommation qui a un effet beaucoup plus incertain sur le chômage.

Bref, l'idée des socialistes de faire un grand plan de relance par la consommation en Europe, c'est la meilleure manière de gaspiller l'argent public, de creuser la dette et de ne pas sauver des emplois. Il est grand temps de calmer cette furie keynesienne qui sévit actuellement, sans qu'aucun travaux universitaires depuis 1970 ne soient venus réhabiliter cette doctrine économique ! On ne peut pas voir la question de la Relance sans voir le problème de la dette publique. Au motif de sortir de la crise actuelle par tous les moyens, on est peut-être en train de préparer l'impuissance politique pour des décennies entières. Que pourra faire, en effet, un gouvernement avec une dette à 100% du PIB, soit des intérêts qui représentent 15 à 20% de son budget annuel ? Tout l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés y passeront : plus de marges de manoeuvre pour la politique sociale, éducative, culturelle, de défense... Un seul programme politique possible : gérer la dette. Voilà ce que nous préparent ceux qui réclament une relance massive supplémentaire.

Dans ce cadre, c'est une chance que l'Europe ait eu à sa tête, pour faire face à la crise, des gouvernements majoritairement conservateurs qui ont resisté autant qu'ils l'ont pu à cette demande de relance par la consommation. J'associe bien volontiers Peer Steinbrück (pourtant social-démocrate) à cet ouvrage, car il s'est révélé être le plus ardent défenseur des finances publiques. Ces gouvernements se sont concertés et on mis en place les mesures nécessaires pour répondre à la crise, en tenant compte des contraintes budgétaires. Il serait particulièrement malvenu d'aller plus loin à ce stade, alors que les premiers signes de la reprise s'annoncent : la facture sera suffisamment lourde comme cela.

Si je résume, il y a deux différences majeures entre les socialistes et les conservateurs en Europe. Sur le plan social, les premiers souhaitent des règles contraignantes au niveau européen quand les seconds estiment que la politique sociale doit rester de la compétence des Etats. Sur le plan économique, le PS souhaite augmenter l'effort de relance (par la consommation) sans se soucier de la dette supplémentaire occasionnée tandis que l'UMP estime que ce qui devait être fait l'a été. Ca commence à faire pas mal de différences qui devraient aider les électeurs à se déterminer !

Et Vincent conduit le bal...

8 commentaires:

  1. Juste sur deux points :
    * Un euro investi implique 4 euros de PIB si j'investis à 25 % dans un projet ? Cela sous-entend que si je n'investis pas, les 75 % privé qui participent au projet dorment sur un compte en attendant de trouver un projet que l'Etat voudra bien financer ? Il faut se méfier de ces effets de levier un peu douteux... En fait, avex la définition un euro => x euros de PIB, il est délicat d'avoir x < 1 : cela sous-entend que l'investissement public induit une baisse d'activité... (un investissement inutile, sans incidence, c'est x = 1)
    * Pour la relance par les grands travaux, il pourrait être intéressant de voir ce que ça a donné au Japon après la crise de 90. 11 plans de relance (soutien à l'activité) qui sont restés sans trop d'effet, avant d'arriver à des réformes dites structurelles (cf. le rapport du Sénat à ce sujet).

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  2. Comme tu le soulignes, l'effet multiplicateur (x4 dans mon exemple) ne vaut que si le projet en question ne serait pas effectué sans intervention de l'Etat et donc que l'argent du privé continue à dormir. C'est donc une vision assez optimiste de l'efficacité des plans de relance !

    Quant au fait que l'efficacité de la dépense publique est nécessairement supérieure à 1 ce n'est pas exact, car on ne cherche pas à mesurer un effet brut sur le PIB, mais un effet net. Par exemple, si le gouvernement en dépensant 1 dans un secteur ne fait que remplacer l'argent que le privé aurait de toute façon mis sur la table, l'impact net en terme de PIB est 0. L'article le plus clair sur le sujet me semble être celui de Becker et Murphy : http://online.wsj.com/article/SB123423402552366409.html

    Enfin, je ne dis pas que la relance par grands travaux est la panacée, et l'exemple japonais prouve bien que cela peut être un bon moyen de jeter l'argent par les fenêtres. Je dis juste que c'est mieux, du point de vue de l'emploi, que la relance par la consommation et qu'il faut désormais s'arrêter là et ne pas inventer de nouveaux projets tous les 4 matins. 26 milliards, cela me semble déjà être beaucoup, voire trop.

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  3. L'efficacité plus petite que 1, si je comprends bien ton lien en anglais, c'est si le plan persiste après reprise effective de l'économie ? Tu continues à payer pour un plan sans intérêt car il occupe des gens qui auraient du boulot ailleurs (?). Mais pour un plan limité dans le temps, cette menace disparaît, non ?

    Ta différence entre effet brut et net est en tout cas assez floue. Ce que tu sembles appeler effet net est effet brut - investissement initial, ce qui revient à voir si mon x est plus petit ou plus grand que 1. Quelle est la situation de référence ? Que fait le privé de son argent s'il n'investit pas là où l'Etat investit ? Cela conditionne pas mal le résultat...

    Enfin c'est mieux du point de vue de l'emploi de lancer des grands travaux... Mieux pour quel emploi ? Pour les ouvriers du bâtiment ou de façon générale ;) ? Comment les entreprises vont gérer une demande ponctuelle de quelques années, par des CDI ou par de l'intérim ? Est-ce que les intérimaires vont réinvestir l'argent engrangé ou vont-ils le stocker en prévision de l'hiver à venir ? Que deviendront-ils à l'issue des travaux ?

    Je suis d'accord que la relance par la consommation est criticable, mais critiquer une alternative ne justifie pas la position que tu défends ;) Il existe une infinité de complémentaires vectoriels à une droite donnée, même en dimension 2...

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  4. Pour être complet sur la définition de l'efficacité de la dépense publique, Murphy (l'un des deux co-auteurs du papier) la définissait dans une conférence de la manière suivante : (PIB avec relance - PIB sans relance)/Dépense publique. Tu vas me dire que c'est assez théorique et que cela exige de savoir "ce qui se serait passé si la relance n'avait pas eu lieu". C'est malheureusement le problème de l'économie en général, on ne peut pas reproduire les expériences ou bénéficier d'une "humanité témoin". Il s'agit donc bien d'une efficacité nette, l'efficacité brute ce serait (PIB avec relance)/Dépense publique, mais ça n'aurait pas un grand sens.

    Ainsi, une dépense de relance qui serait nocive au PIB se traduirait par une efficacité négative, une dépense inefficace par un ratio entre 0 et 1, une dépense neutre par une efficacité de 1. Pour avoir un effet d'entraînement, il faut un ratio supérieur à 1.

    L'histoire des politiques de relance qui se poursuivent dans le temps me semble être un élément mineur du raisonnement (il faudrait que je retrouve la vidéo où Murphy explique tout cela, c'est sur le site de l'école d'économie de Chicago).

    Un plan de relance est donc justifié d'un point de vue économique si le ratio est supérieur à 1. Le problème, c'est que d'un point de vue politique, on peut très bien se contenter d'un ratio entre 0 et 1 car l'électeur ne fait pas forcément la relation avec la dette supplémentaire créée.

    Ce qui peut justifier un plan de relance, c'est évidemment une grande frilosité du secteur privé, qui refuse d'investir si l'Etat ne met pas la main à la poche à ses côtés. Cet effet existe en temps de crise mais il n'est peut-être pas suffisant pour justifier le stimulus package.

    Je ne dis pas que la relance par l'investissement est forcément une bonne idée, mais elle présente l'avantage de cibler les secteurs les plus touchés (construction, automobile...), ou alors les secteurs qui ont le plus l'oreille des décideurs publics : c'est ça le risque principal.

    Si l'économie planifiée s'est effondrée, il y a bien une raison...

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  5. Ca y est, j'ai retrouvé le détail du raisonnement de Murphy :

    Evaluating the Fiscal Stimulus
    Kevin M. Murphy
    January 16, 2009

    A Framework for Thinking about the Stimulus Package

    Let G = increase in government spending
    1-α= value of a dollar of government spending (α measures the inefficiency of government)
    Let f equal the fraction of the output produced using “idle” resources
    Let λ be the relative value of “idle” resources
    Let d be the deadweight cost per dollar of revenue from the taxation required to pay for the spending
    When Will the Stimulus Add Value?

    The net gain is the value of the output produced less the costs of the inputs and the deadweight loss

    In terms of the previous notation we have: Net Gain = (1-α)G –[(1-f)G + λfG] –dG

    Net gain = (f(1-λ) –α–d)G
    A positive net gain requires that: f(1-λ) > α+d
    Difference of opinion comes from different assumptions about f, λ, α, and d
    My View * α likely to be large * Government in general is inefficient * The need to act quickly will make it more inefficient * The desire to spend a lot in a short period of time will make it more inefficient * Trying to be both stimulus and investment will make it even more inefficient * 1-f likely to be positive and may be large * With a large fraction of resources employed (roughly 93%) much will be drawn from other activities rather than “idle” resources * Ricardian equivalence implies that people will save to pay for future taxes reducing private spending * λ is non-zero and likely to be substantial * People place positive value on their time * Unemployed resources produce value through relocation (e.g. mobility & job search) * d is likely to be significant * Wide range of estimates of d * Estimates based on the analysis of taxable income imply d≈0.8 * With these parameters the stimulus package is likely to be a bad idea

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  6. Si on passe sur un modèle ultra-simpliste (linéaire) et des paramètres un peu sortis du chapeau, je comprends l'idée générale. Rigolo cette tendance à vouloir sortir une équation pour justifier des arguments qualitatifs.

    Ceci dit l'effet de levier que tu évoquais est toujours aussi discutable, tout simplement car l'état de référence est difficile à définir (les "idles ressources", à part les chômeurs, c'est quoi ... ?).
    Et je ne suis pas convaincu que le plan de relance par l'investissement soit préférable à un plan de relance par la consommation. A mon sens les deux sont préjudiciables, et dans une économie où le moteur est la consommation des ménages, pas sûr que quelques interims distribués à certains secteurs soit vraiment une solution préférable à quelques euros disséminé parmi les populations les plus défavorisées. On peut arguer avec le même type d'arguments qu'avec quelques centaines d'euros de pouvoir d'achat supplémentaire, on peut se décider pour un achat beaucoup plus coûteux, pour saisir l'occasion. Et on a un super effet de levier, qui conduit à plus de TVA et plus d'activité !

    La digression rhétorique exposant des économistes qui pensent que tous les plans de relance sont préjudiciables ne tranche pas le débat ;)

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  7. Ta critique est pertinente mais ne me convainc pas tout à fait.

    Tout d'abord, la simplicité ou le caractère rudimentaire d'un modèle économique m'inspire davantage confiance qu'un modèle mathématique élaboré qui prétend décrire complètement la réalité. Effectivement, le modèle en question est qualitatif, si Murphy se mettait à faire de l'économétrie sur les différentes variables qu'il manipule, moi aussi je crierais au scandale. Mais ce n'est pas le cas, il utilise donc les mathématiques comme moyen le plus rapide et le plus simple de communiquer sa pensée.

    Ta critique de l'impossible mesure de telles grandeurs car on ne sait pas ce qui se serait passé si il n'y avait pas eu de relance peut selon moi s'adapter à peu près à tous les concepts économiques. Heures supplémentaires créées par la loi TEPA, pauvreté réduite par le RSA, productivité marginale du capital ou du travail, influence de la politique de taux... A chaque fois on pourrait dire : "finalement on n'en sait rien".

    Mais cela n'interdit pas de raisonner à partir d'un certain bon sens, en postulant l'existence de grandeur dont on n'a pas forcément accès par la mesure. Je préfère cette approche qui apporte des idées a priori que la fausse objectivité de l'économétrie qui prétend interpréter a posteriori des corrélations. Donc, pour résumer, d'accord pour recevoir ta critique, mais qu'as tu à proposer ?

    Tu oublies une différence entre la relance par l'investissement et la consommation. Avec la première, la création de dettes se fait en même temps que la création d'actifs (d'une plus ou moins grande qualité selon la qualité du plan de relance), tandis que dans le second cas, on "créé" du pouvoir d'achat en émettant de la dette, qui devra bien être remboursée plus tard (par les générations suivantes ou par une augmentation des impôts dans 5 ans). Moralement, cela me semble donc davantage condamnable et j'ai la faiblesse de penser (surtout après la lecture de Frédéric Bastiat) que la morale et la vérité ont des liens insoupçonnés.

    Mais ces digressions économiques et philosophiques, qui sont en train de donner lieu à une sorte de blog dans le blog ou de ping-pong dans le ping-pong nous éloigne de la question politique qui est posée aujourd'hui. Ce qui est fait est fait, la question c'est faut-il faire 100 milliards de relance par la consommation en plus ou non ? A cela l'UMP répond non et le PS oui. Il me semble que nous penchions également tous les 2 pour le non. Ce qui me semble clore le débat politique (et uniquement celui-ci).

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  8. Dernier post alors...

    Pour l'économétrie, et même l'économie de façon générale, je suis d'accord de dire qu'elle ne permet pas de décider, car dans le fond, dès qu'elle devient quantitative, elle est criticable. Du coup, ce que je critique, c'est d'insérer un argument économique dans un débat politique, sachant que ce que l'on cherche à optimiser (quelle variable ? emploi, dette, PIB ?) et que les hypothèses que l'on choisit (quelle situation de référence) influent très notablement le résultat. D'où ma remarque initiale sur ton post qui prétendait faire de l'effet de levier avec la relance par l'investissement pour justifier ce dernier. Comme tu le disais ailleurs, deux raisons ne valent pas mieux qu'une : moralement, tu préfères l'investissement au pain du peuple, mais tu tentes de le justifier économiquement, ce qui me paraît criticable, en plus d'être tendancieux.

    Ma proposition est donc de ne pas se baser uniquement sur la rentabilité d'une mesure politique pour la proposer ou la critiquer. La relance par la consommation te paraît une perte sèche, mais ses conséquences psychologiques seraient peut-être beaucoup importantes que le "choc de confiance" du paquet fiscal ;)

    La tendance à économiser la politique me semble particulièrement marquée à l'UMP, et me paraît une transgression des ordres, au sens de Compte-Sponville. Laissez l'économie optimiser ses fonctions de production, et mettez des contraintes politiques telles qu'elle optimise dans la bonne direction. On peut politiquement discuter de la "bonne" direction (plus de riches, pays globalement riche, peu de pauvres, situations relativement homogènes ?), mais économiser la politique est un bon moyen de ne pas faire de politique.

    Le corrolaire assez fort est que la politique s'exerce sur l'aire d'extension de l'économie : si plusieurs politiques sont mises en concurrence par un seul marché économique, aux moyens de production mobiles, on a tendance à faire de la politique "attractive", pour augmenter la "compétitivité" du territoire, au lieu de faire de la politique qui influence l'économie dans la bonne direction (sociale par exemple). De là à dire qu'il faut harmoniser les contraintes fiscales au sein d'un marché commun, il n'y a qu'un pas ;)

    Bon, enfin je m'arrête là, et je lirai la suite avec attention !

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